Aziz Hamzaogullari aborde le potentiel à long terme de l’IA et de la transition de la Chine à une économie axée sur la consommation.

Transcription de la vidéo

Aziz Hamzaogullari:
... les bénéficiaires directs, soit les entreprises qui génèrent des flux de trésorerie positifs en desservant ces entreprises, seront rares. Voici un élément important à considérer, car les investisseurs se jettent souvent dans un secteur donné en s’attendant à ce que toutes les entreprises sous-jacentes en bénéficient. Les données historiques démontrent toutefois que les entreprises gagnantes sont peu nombreuses.

Il s’agit d’un vecteur structurel significatif qui se traduira par une forte augmentation de la productivité. Si nous nous basons sur les grands éléments perturbateurs passés, dans les années 1990 par exemple, nous observons un net rebond de la productivité. En analysant les discours et témoignages de Greenspan, il répétait sans cesse, pendant cette période, qu’il était surpris par les gains de productivité. Et bien, ces surprises étaient attribuables aux avancées technologiques.

Dans la même veine, nous croyons que l’IA représente un changement majeur et un élément perturbateur significatif puisqu’elle a une incidence sur la grande majorité des industries, que ce soit les soins de santé, par le biais de l’invention de nouveaux médicaments, ou le secteur manufacturier, par la façon dont une entreprise construit une usine, premièrement de manière virtuelle et ensuite en l’optimisant et en la bâtissant au moyen de matériaux réels; ou dans le cas d’une entreprise de logiciels, par le processus d’édition et de développement des logiciels. Nous sommes convaincus que l’IA constitue un élément perturbateur majeur. Il faut réaliser qu’elle sera favorable à la grande majorité des entreprises au chapitre de la productivité, mais les bénéficiaires directs, soit les entreprises qui génèrent des flux de trésorerie positifs en desservant ces entreprises, seront rares.

Voici un élément important à considérer, car les investisseurs se jettent souvent dans un secteur donné en s’attendant à ce que toutes les entreprises sous-jacentes en bénéficient. Les données historiques démontrent toutefois que les entreprises gagnantes sont peu nombreuses. Absolument, lorsque nous faisons face à un élément perturbateur significatif, que ce soit les télécommunications, ou après cette période, l’internet, nous observons toujours un grand enthousiasme chez les investisseurs, qui croient que cette nouveauté est importante et transformatrice. Malheureusement, ils se trompent souvent sur le nombre de gagnants.

Si l’on porte notre attention, par exemple, à la bulle technologique, nous constatons qu’environ 400 entreprises ont vu leur cours doubler, ou même plus, sur un court laps de temps. 25 ans plus tard, on constate que 300 de ces entreprises n’existent plus. Et 90 % de ces 400 entreprises n’ont pas suivi la cadence des indices. Il y a toutefois une dizaine d’entreprises qui se sont démarquées.

C’est la même chose pour l’IA. Nous devons faire preuve de discernement et dénicher les rares entreprises, moins de 10 en l’occurrence, et non 100, qui seront en mesure d’être encore parmi nous dans 20 ou 25 ans, tout en ignorant celles qui nous auront quittés dans 20 ans. Cela résume bien l’art d’investir judicieusement. Il nous faut dénicher les gagnants de qualité qui tireront profit de l’IA sur une base structurelle et à long terme.

En ce qui concerne la Chine, il s’agit d’un énorme marché, qui représente environ le cinquième de l’économie mondiale. Il y a plus d’un milliard d’habitants dans le pays. Et parmi les centaines et centaines d’entreprises chinoises, il y en a beaucoup moins qui pourront, selon nous, bénéficier de la transition structurelle à long terme d’une économie axée sur l’infrastructure à une axée sur la consommation.

Voici mon raisonnement. En analysant l’histoire de tous les pays développés, que ce soit le Royaume-Uni, le Japon ou les États-Unis, nous observons qu’au cours des 100 premières années, ils ont bâti leur infrastructure. Ensuite, les dépenses de consommation ont pris le relais pour stimuler la croissance de leur économie. Prenons les États-Unis, par exemple. Environ les deux-tiers de son économie sont liés à la consommation, alors que c’est l’inverse pour la Chine, où la consommation représente seulement un tiers de l’économie. Donc, environ 1/3 pour la consommation, et 2/3 pour l’infrastructure, les dépenses gouvernementales, etc.

Nous croyons donc qu’il s’agit d’une tendance sur le très long terme. Ce changement ne surviendra pas d’un trimestre à l’autre. Cette transition à une économie axée sur la consommation prendra du temps. Et nous sommes convaincus que certaines entreprises pourront, à notre avis, en bénéficier.